Amende de 93 millions d'euros pour le « cartel du jambon »




Le 16 Juillet 2020, par La rédaction

L'Autorité de la concurrence sévit contre le « cartel du jambon ». Douze industriels du secteur de la charcuterie écopent d'une amende de 93 millions d'euros pour entente sur les prix.


Rendez-vous discrets pour fixer les prix

Entre 2010 et 2013, douze industriels de la charcuterie ont organisé des rendez-vous hebdomadaires pour s'entendre sur les prix des matières premières et pour peser sur les négociations avec les distributeurs. Suite à l'enquête de l'Autorité de la concurrence, ces entreprises se voient infliger une amende de 93 millions d'euros, un montant qui la positionne parmi les vingt les plus sévères jamais prononcées par le régulateur. Il y a tout d'abord les groupes Campofrio (Aoste, Jean Caby), Fleury Michon, Les Mousquetaires (Intermarché, Monique Ranou) et la Financière Turenne Lafayette (Paul Prédault et Madrange) qui ont été convaincus d'entente sur les prix du jambon sans mouille, leur matière première.

On retrouve la Financière Turenne Lafayette et Les Mousquetaires dans le second volet de l'enquête. Ces deux entreprises et leurs concurrents (Aubret, Campofrio, CA Animation, Coop, Cooperl Arc Atlantique, La Financière du Haut Pays, Financière Turenne Lafayette, Savencia, Sonical, Salaisons du Mâconnais, Nestlé et Roullier) coordonnaient les prix des produits charcutiers, aussi bien crus/secs que cuits. L'objectif était d'imposer des augmentations aux enseignes de la grande distribution pour leurs marques distributeurs ou premiers prix.

Clémence pour les dénonciateurs

C'est en 2012 que, sans se concerter, deux de ces industriels ont prévenu l'Autorité de la concurrence de ce qui se tramait dans le secteur. Ce faisant, les groupes Campofrio et Coop ont pu bénéficier d'une certaine clémence, mais ils devront tout de même payer respectivement 1 et 6 millions d'euros. La Cooperl est l'entreprise qui paiera le plus lourd tribut (35,5 millions), suivi par Les Mousquetaires (31,7 millions) et Fleury Michon (14,8 millions).

L'Autorité de la concurrence explique que pour déterminer le montant des sanctions, ont été pris en compte « l'existence du fort pouvoir de négociation des enseignes de la grande distribution - qui a limité dans une certaine mesure l'effet des pratiques sur les prix à la consommation -, la situation économique dégradée du secteur de la charcuterie salaison, ainsi que les difficultés financières individuelles rencontrées par certaines entreprises ». Plusieurs entreprises vont faire appel, dont Fleury Michon et la Cooperl.


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